Tout à fait au début du mandat de James Buchanan, le 6 mars 1857, l'imagination des Américains fut frappée par la décision juridique de la Cour suprême prise à l'encontre de l'esclave Dred Scott. Elle permit sans nul doute à Abraham Lincoln d'occuper la Maison Blanche.
Scott était un esclave que son maître, le médecin John Emerson, avait amené de St. Louis dans le territoire libre de l'Illinois et ensuite dans le Wisconsin (également antiesclavagiste). Quelques années plus tard, après leur retour à St. Louis en 1846, Scott, grâce à l'aide d'un abolitionniste blanc, intenta une action en justice contre la veuve du Dr Emerson. L'esclave maintint que sa résidence dans un état antiesclavagiste l'avait effectivement rendu libre. Cependant, malgré cette argumentation, la Cour suprême du Missouri jugea que Scott avait tort et qu'il ne pouvait donc pas être libre. Scott fut ensuite transféré au frère de Mme Emerson, John F.A. Sanford de New York. Sanford aida Scott (ainsi que son épouse Harriet) à faire appel de l'arrêt rendu par la Cour suprême du Missouri et, finalement, la cause monta jusqu'à la Cour suprême des États-Unis.
Non seulement réaffirma-t-elle la décision antérieure, mais Roger B. Taney, le juge en chef, affirma dans un Obiter Dictum (une opinion non requise par la cause) qu'aucun Noir, étant un esclave ou le descendant d'un esclave, ne pouvaitt être un citoyen d'un état ou des États-Unis car les Noirs n'étaient pas considérés comme des citoyens lorsque la Constitution fut adoptée en 1787. Naturellement, cette décision provoca des protestations dans les régions du Nord et parmi tous les abolitionnistes à travers le pays. Pour les Sudistes, la décision de Taney était une victoire majeure, confirmant leurs arguments en faveur de l'esclavage. L'opinion du juge en chef, loin de solutionner le dilemme, ne servait qu' à envenimer la situation.
Désormais le Sud fut en mesure d'appuyer son mode de vie économique et sociale sur une décision provenant des plus hautes instances du système juridique des États-Unis. De plus, l'unité nationale, qui était déjà extrêmement tendue et fragile, risquait maintenant de se briser à tout jamais, car le Sud croyait de plus en plus que les états avaient le droit de se retirer de l'Union si jamais ils se sentaient menacés. Bref, si les états antiesclavagistes ne pàuvaient pas, selon les Sudistes, respecter une décision émanant de la Cour suprême, ils pouvaient également refuser de respecter et d'accepter le mode de vie des Méridionaux. Si tel était le cas, la sécession demeurait la seule réponse honorable et possible.
L'esclavage n'était donc pas le seul facteur affectant les relations entre le Nord et le Sud à la veille de la guerre Civile; la souveraineté des états, c'est à dire, le droit de pouvoir quitter ou non l'Union librement était aussi important sinon plus.